Enjeu 1 :
CLIMAT
Inondations et changement climatique, un enjeu chapeautant tous les autres : il est urgent d’agir !
Illustration 1 - DDRM Bas-Rhin 2018 – Wasselonne inondations par coulées d’eau boueuse le 7 juin 2016.
56 mm de pluie sont tombés en 6 heures à Wandenbourg-Engenthal le même jour.
Le changement climatique aura des conséquences sur les températures et les régimes pluviométriques. Il modifiera le cycle de l’eau et par extension les phénomènes d’inondation.
La prise en compte du changement climatique est un enjeu clé du 3e cycle de la directive « inondation ». Celle-ci vise à assurer la gestion de phénomènes extrêmes qui tendent à s’accentuer avec les évolutions climatiques.
À SAVOIR
Les coulées d’eau boueuse se développent, en secteur agricole, lors d'épisodes orageux (à partir d’une pluie horaire de 30-40 mm environ), entre mai et juillet, lorsque la couverture végétale de sols limoneux est faible (cultures de printemps comme le maïs principalement, le houblon ou la vigne, etc.) dans les secteurs de collines. Sur le bassin du Rhin, 13 % des communes sont recensées à risque de ruissellement et coulées d’eau boueuse.
Le 6e rapport du GIEC, dont la synthèse a été publiée en 2023, met à jour l’état des connaissances scientifiques concernant l’évolution des aléas naturels à l’échelle planétaire. Ses conclusions confirment la nécessité de prendre en compte les effets du changement climatique dans la prévention des risques naturels dès que des projections robustes sont disponibles. Toutefois, si certaines conséquences du changement climatique sont bien caractérisées, d’autres restent empreintes d’incertitudes importantes. Ceci est d’autant plus vrai que les phénomènes sont locaux (pluies sous orages, inondation par ruissellement, crues éclairs, etc.) et que les évènements sont rares (période de retour centennale à millénale).
Ainsi, si les connaissances scientifiques concernant l'impact du changement climatique à l'échelle nationale, voire régionale, vont progressivement être précisées (le ministère chargé de l’écologie porte différentes études en ce sens avec l’appui des opérateurs de l’État), elles ne permettent pas encore, à ce jour, de définir une doctrine opérante à l’échelle locale.
Les projections restent incertaines en ce qui concerne l’évolution des débordements de cours d’eau. En effet, ces phénomènes dépendent de différents facteurs (précipitations, réaction des bassins versants, etc.) qui présentent une variabilité importante selon les modèles. La descente d'échelle1 du niveau global au niveau local est par ailleurs difficile, et ce d'autant plus que la France hexagonale se situe sur deux « régions » climatiques au sens des travaux conduits par le GIEC (Europe centrale et orientale et Méditerranée), dont la frontière n'est pas clairement déterminée. De manière générale, les incertitudes sont encore trop importantes pour dégager des tendances locales en matière de précipitations ou de débordements de cours d’eau. Des études sont en cours et serviront à faire évoluer le cadre réglementaire, selon leurs résultats.
À SAVOIR
Le rapport MOSARH 212 (avril 2018) montre l’évolution des débits futurs du Rhin en contexte de climat changeant. Il est montré une accentuation de l’aléa de crue sur le Rhin et un abaissement des débits d’étiage dans un futur proche (2021-2050).
Déclinés à l’échelle du bassin dans le plan d’adaptation et d’atténuation au changement climatique pour préserver les ressources en eau et les milieux aquatiques adopté par le comité de bassin du 24 novembre 20232, et malgré des incertitudes, les scénarios de changement climatiques montrent des épisodes de précipitations intenses plus fréquents. Ceux-ci se traduiraient par la répétition des épisodes de ruissellement et de coulées d’eaux boueuses comme observé en mai 2012, mai-juin 2018 ou juillet 2021. Les crues fréquentes (période de retour de 10 à 20 ans) pourraient avoir des débits plus importants.
Comment faire le choix d’une prévention des inondations adaptée au changement climatique ?
Assurer la transition de territoires de vie à des territoires aussi adaptés aux évolutions climatiques, c’est :
- Réduire la vulnérabilité des territoires aux risques d’inondation et de coulées d’eau boueuse ;
- Privilégier des actions bénéfiques, quelle que soit l’ampleur du changement climatique (mesures dites « sans regrets ») ;
- Repenser la place de l’eau et du végétal en milieux urbanisés ;
- Restaurer les capacités fonctionnelles des cours d’eau et des bassins versants, et notamment des zones humides ;
- Développer une politique de l’eau qui contribue à atténuer les effets du changement climatique ;
- Accroître les surfaces de sols vivants qui constituent des réserves d’eau et de carbone ;
- Montrer que la protection de l’environnement est un atout plutôt qu’une contrainte ;
- Développer les actions à bénéfices multiples qui répondent à plusieurs enjeux environnementaux, via des projets territoriaux, telles que la plantation de haies qui permet de limiter le ruissellement, d’offrir un habitat à la faune, de protéger animaux et plantations du vent et du soleil, de préserver le paysage et d’améliorer la qualité de l’eau ;
- Assurer une cohérence entre les différentes politiques liées, sur un même territoire (gestion de l’eau, gestion des inondations, politique agricole, politique énergétique, etc.) pour gagner en efficience ;
- Améliorer la gestion de crise et le retour à la normale des territoires face aux phénomènes climatiques extrêmes ;
- Réfléchir à des outils financiers innovants qui permettent d’atténuer les coûts (des investissements futurs, des efforts d’adaptations continues, des réparations) pour les générations futures.
1. Une descente d’échelle est un traitement qui vise à améliorer la résolution spatiale des projections climatiques. Pour affiner le diagnostic à l’échelle d’une région du globe ou d’un pays, les climatologues produisent des simulations régionales, grâce à de telles méthodes qui permettent de descendre à des échelles plus fines. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/comprendre-giec
2. Rapport sur le changement climatique à l’horizon 2100 pour les cours d’eau Moselle Sarre et Rhin
3. https://www.eau-rhin-meuse.fr/plan-dadaptation-et-dattenuation-au-changement-climatique-0
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